Dépouiller la beauté

Au commencement d’un portrait, il y a une impression qui se dessine au hasard d’une rencontre. Un visage, un regard, une voix. Une énergie qui flotte, impalpable. Un parfum, une essence, que j’ai envie de capturer, de fixer dans le temps. Une quête d’humanité, un désir de communiquer mon émerveillement devant la beauté, et de le faire passer à travers d’autres êtres. Cette beauté n’est pas toujours esthétique. Elle est parfois invisible, abstraite, ou intérieure. Elle peut être durable, ou éphémère. Elle s’interprète surtout. Notre perception de la beauté dépend de toutes sortes de choses. Notre instinct, qui nous pousse à l’accepter ou la rejeter. Notre éducation, qui nous fait considérer certaines choses comme belles ou laides, et notre vécu, qui teinte notre perception des choses. Consciemment ou non, nos jugements limitent notre capacité à voir la beauté des choses. Il faut donc s’ouvrir l’esprit pour accéder à la beauté véritable, celle qui est associée au vrai, et qui fait naître en nous une émotion.

Voilà donc le genre de réflexion que j’aborderai dans ce tout nouveau blog, en lien avec ma passion pour la photographie. Il était donc tout naturel d’inaugurer ce projet avec un portrait « sans artifice » de Stéphanie Bédard, femme, artiste et entrepreneure que j’admire pour sa quête d’authenticité. Une séance photo toute nature, sans maquillage. Je suis loin d’être contre le maquillage sur une photo. Un beau maquillage, comme une belle lumière, font partie des outils qui définissent les angles du visage. Il dissimule les imperfections, autant qu’il accentue les traits, mais, pour ce portrait, j’ai eu envie de la dépouiller, cette beauté, en la soustrayant de tout artifice. J’ai envie d’aller droit au but avec un portrait. Peu importe le fond, peu importe le décor, moi, c’est l’âme que je veux voir au fond du regard. Avec toute cette profondeur au fond des yeux, et cette force féminine totalement assumée, Stéphanie m’a permis d’explorer ce que j’appelle la beauté primitive et sauvage. C’est une beauté qui n’a pas été façonnée. Et c’est justement avec cet aspect brut de la beauté que j’ai envie de me connecter dans l’avenir, tant dans ma démarche artistique que dans ma manière de voir le monde.

J’ai toujours cru qu’en photographie, comme dans la vie, la vraie beauté, celle qui touche le coeur, celle qui nous émeut, se révèle dans la vérité. Stéphanie m’a offert la sienne, dans toute sa dualité, car de certaines prises se dégageait une grande douceur, tandis que de celle-ci émanait toute sa force de caractère. J’ai donc envie de vous laisser sur cette citation du grand photographe Peter Linbergh, artiste qui m’a inspiré ce texte, et cette séance photo :

« If photographers are responsible for creating or reflecting an image of women in society, then, I must say, there is only one way for the future, and this is to define women as strong and independent. This should be the responsibility of photographers today: to free women, and finally everyone, from the terror of youth and perfection»

Christine